La rentrée.

Le revoilà. Ce grand portail qui la retiendra prisonnière de ses locaux une année de plus. Cette sensation désagréable d'être regardée lui reprend. Il sont trop près, beaucoup trop près tous ces élèves qui se précipitent entre les grilles métalliques tel un troupeau de veau affamé. Ils sont heureux, heureux de se retrouver, heureux d'être ensemble, heureux de passer une année dans le même établissement. Et personne ne fait attention à cette âme hésitante. Tant mieux. Heureusement.

Alyss a enfin franchi les grilles ouvragées et s'est écartée du sentier où se presse la masse d'enfant maladroit. Elle marche, tranquillement, fixant sa mallette de cuire noir pensivement. D'un pas léger elle se dirige vers l'immense porte d'entrée, elle a déjà accomplit ce petit rituel 5 fois, et la voilà tout autant rassurée de franchir ces portes boisées. Trop de gens. Impossible de pénétrer dans le hall sans être bousculée, touchée, effleurée. Son corps a raison de sa conscience et elle fait demi tour, sa longue jupe virevolte dans ce mouvement rapide, dévoilant ses chevilles nues et ses chaussures neuves. Elle prend le temps d'ajuster son chemisier manche longue blanc et rebrousse son chemin en détournant le bâtiment afin de s'asseoir au calme sur un banc. Ici il n'y a personne, tout le monde se masse devant le panneau d'affichage et cours dans sa classe pour découvrir ses nouveaux camarades. La jeune femme déteste ça. La foule, les gens, toutes ces mains qui touchent tout le monde.... Elle en frémit rien que d'y penser...

Le temps que le flot d'élève diminue considérablement, elle sort un bouquin de sa sacoche et poursuit la lecture qu'elle a commencé sur le chemin. Une magnifique histoire de cape et d'épée, ses préférées. Plongée dans sa lecture, elle n'avait pas remarqué que plus aucun étudiant n'arrivait de l'extérieur. Il serait fâcheux qu'elle arrive en retard, cela reviendrait devenir le centre d’intérêt de toute sa classe, déjà que sa réputation joue en sa défaveur, il ne manquerait plus qu'on la remarque... En toute hâte elle range son ouvrage, perdant ainsi sa page, mais tant pis, elle la retrouverait, elle se précipite dans l'entrée, dieux soit loué, elle n'est pas la dernière, elle aperçoit une jeune fille qui se fait traîner par ce qui semblerait être un surveillant, une autre qui ramasse des objets au sol. Aucune envie de l'aider, cela risquerait de la forcer a engager une discutions avec une inconnue, une chose qu'elle redoute a chaque rentrée. Elle passe donc son chemin, lève son pied afin de ne pas marcher sur une règle qui traînait et repère rapidement son nom sur le tableau.

Sans plus tarder, elle double son allure pour se rendre dans la salle de classe qu'on lui a attribué, adressant des prières silencieuses pour que, comme chaque années précédente, elle se retrouve sans colocataire dans sa chambre.